L'impossible adieu à Monsieur R.
Monsieur R. est décédé du Covid-19 le 19 avril 2020, à l'hôpital Saint-Louis, à Paris. Il avait 54 ans. Son fils et trois de ses proches, venus récupérer le corps, n'ont pas été autorisés à lui faire leurs adieux dans la chambre funéraire. Comme cela est désormais le cas pour les personnes victimes de l'épidémie, le cercueil leur a été livré directement à l'entrée du bâtiment.
Monsieur R. a pu être inhumé dans le carré musulman du cimetière intercommunal de La Courneuve, la ville où il résidait. Mais ce n'est pas toujours le cas. Habituellement, les défunts de confession musulmane sont rapatriés par leur famille dans leur pays d'origine ; cela n'est plus possible, la plupart des pays ayant interdit ces transferts. Face à cette situation inédite, les espaces dédiés aux musulmans dans les cimetières commencent à manquer, et certaines personnes doivent être enterrées à plusieurs dizaines de kilomètres de leur lieu d’habitation.
Le convoi funéraire a été accueilli par une cinquantaine d'hommes de la communauté comorienne, dont Monsieur R. faisait partie. La prière traditionnelle, habituellement effectuée dans le cimetière, a été autorisée devant l'enceinte. Mais seuls une vingtaine d'hommes ont eu le droit de pénétrer à l'intérieur et d'accompagner le cortège pour la mise en terre. L'immense majorité des familles musulmanes espèrent exhumer et rapatrier le corps de leur proche dès que la situation le permettra.
Paris (hôpital) et La Courneuve (cimetière), 22 avril 2020.